Souvenir Enfance

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 Sous le grand chêne au fond du jardin de ma grand-mère, se cache un secret que seul mon ami Hugo et moi connaissions. Ce n'était pas un trésor au sens classique du terme, mais pour nous, c'était plus précieux que tout l'or du monde. C'était notre boîte aux merveilles, une vieille boîte en fer blanc où nous déposions nos souvenirs, nos rêves et nos serments d'enfants.

Tout a commencé un été où mes parents m’avaient envoyé passer les vacances chez ma grand-mère, dans un petit village entouré de champs dorés et de forêts mystérieuses. C’était une de ces journées où le soleil semblait fondre sur la terre, et où l’ombre des arbres était notre unique refuge contre la chaleur accablante. Hugo, le fils du boulanger du village, était mon complice dans toutes mes escapades. Depuis notre première rencontre, où nous nous étions disputés pour une bille trouvée au pied d’un chêne, nous étions devenus inséparables.

Un après-midi, alors que nous jouions près du ruisseau, Hugo me parla d’une légende locale : celle du "Trésor des Ombres", une mystérieuse boîte que les enfants du village auraient cachée il y a des décennies. Inspirés par cette histoire, nous avons décidé de créer notre propre trésor, une boîte où nous garderions nos souvenirs les plus précieux. Nous avons trouvé une vieille boîte en fer abandonnée dans le grenier de ma grand-mère, et nous avons commencé à y glisser des objets qui avaient pour nous une valeur inestimable : une plume trouvée sur le chemin de l’école, un caillou en forme de cœur, une vieille montre cassée de mon grand-père, et même un mot secret que nous nous étions écrit.

Chaque jour, nous ajoutions un nouvel élément à notre boîte et nous la cachions sous le grand chêne, en veillant à marquer l’endroit avec un caillou peint en rouge. Ce rituel était devenu notre petit secret, un lien invisible qui nous unissait. Mais l’été touchait à sa fin, et je savais que je devrais bientôt rentrer chez moi. Le jour de mon départ, nous avons juré de ne jamais oublier notre boîte et de revenir la chercher un jour, quand nous serions grands.

Les années ont passé, et la vie nous a séparés. J’ai déménagé en ville, mes visites chez ma grand-mère sont devenues plus rares, et Hugo et moi avons perdu contact. Pourtant, jamais je n’ai oublié ces étés insouciants passés sous le grand chêne.

Un jour, bien des années plus tard, je suis retourné au village pour les funérailles de ma grand-mère. Après la cérémonie, poussé par une nostalgie soudaine, je suis allé voir notre arbre. Contre toute attente, la marque rouge sur le caillou était toujours là. Le cœur battant, j’ai commencé à creuser et, à ma grande surprise, j’ai retrouvé notre boîte intacte. En l’ouvrant, j’ai découvert que tout était resté tel que nous l’avions laissé. Les objets avaient vieilli, mais ils portaient toujours la même magie qu’autrefois.

Alors que je contemplais nos souvenirs, une voix derrière moi me fit sursauter : « Je savais que tu reviendrais un jour. » Je me suis retourné et j’ai vu Hugo, le même sourire malicieux sur son visage. Nous nous sommes regardés en silence avant d’éclater de rire. En cet instant, tout était comme avant : deux amis réunis par un trésor qui, finalement, n’avait jamais été perdu.

Ce jour-là, sous le grand chêne, nous avons compris que les vraies amitiés ne s’effacent jamais, même lorsque le temps tente de les ensevelir sous les années. Notre trésor n’était pas dans cette boîte, mais dans les souvenirs qu’elle contenait et dans la promesse que nous avions tenue, malgré le temps et la distance.